La légende du Waymate Garage (Nouvelle Zélande)

Je me suis contenté de traduire approximativement le texte en Français, j'espère que cette belle histoire vous plaira.


source du texte: http://www.pukeariki.com
source des images: www.ds23.co.nz(Stuart Craig collection)



Dans les années 60, la légende veut que la petite ville de Manaia, en Nouvelle Zélande (région de South Taranaki), avait plus de Citroën par habitant que Paris.

Manaia avait développé cette curieuse Citroënite aiguë grâce à un homme, Max McKay, dont ce fut la croisade.

Max avait grandi dans une ferme, et son père voulait faire de lui son successeur dans le juteux business du lait. Mais en fait, Max lisait en secret des manuels de mécanique, prenait des cours du soir, et il finit un jour par réussir à persuader Jim Davis, le garagiste local, de le prendre en grand débutant.

Ensuite ce fut la guerre, et ses qualités de mécanicien le menèrent jusqu'au grade de sergent dans un régiment motorisé. Après le conflit, de retour à Manaia, Max devint associé avec Jim dans le garage, qui réparait les voitures et les engins agricoles.

Au cours de ces années, Max avait bien vu passer quelques Citroën Traction, mais c'est seulement en 1952 qu'une réelle obsession s'empara de lui.

 

le fou des Citroën

Dans une interview accordée au Taranaki Herald peu avant sa mort, Max raconta son entrée dans la religion du double chevron: un jour, il était à la pompe à essence quand une Light fifteen de 1951 fit son apparition. Le conducteur voulait qu'on lui bricole un truc dans son moteur, ce que Max refusa d'abord, expliquant qu'il ne connaissait pas les Citroën. Mais l'homme insista pour faire un tour ensemble pour montrer le bruit suspect au garagiste, et ils décidèrent d'aller jusqu'en haut de Riverdale Hill. L'homme, un fou, conduisait plus de 30km/h au dessus de la vitesse normale sur cette portion de route, et Max fut séduit par la voiture, réellemnt fasciné par sa conception.

Max était tellement intrigué par la Citroën qu'il l'emprunta pour faire un circuit seul sur les rudes chemis de Mont Taranaki. En revenant, il n'était plus le même homme: il était désormais convaincu qu'aucune voiture ne pouvait rivaliser avec la Traction, en confort et en tenue de route.

Ensuite il répara la voiture du client. Puis, quatre jours plus tard, il commanda une Traction pour lui ainsi qu'un jeu d'outillage. Ensuite il acheta deux Citroën d'occasion.

"Je crois que c'est à cette époque qu'ils ont commencé à m'appeler Mad Max", se rappelait Max dans ses vieux jours, "mais ça m'était complètement égal".



Waimate Motors et les "tarés"

En 1954, le partenariat au garage dut s'interrompre car les gens de bon conseil avaient averti Jim: Max et ses Citroën à la con allaient le faire couler rapidos.
Max resta donc un jour seul maitre à bord et il renomma le garage "Waymate Motors, agent Citroën".

Il se mit alors en devoir de convaincre un par un les habitants de South Taranaki que seules les Citroën étaient réellement sécurisantes sur les routes de Nouvelle Zélande.

 

"Le garagiste du coin terrorise les gens avec des démonstrations de conduite en dehors des pistes, et il surnomme "les tarés" tous ceux qui n'écoutent pas sa bonne parole et préfèrent les voitures conventionnelles" écrivit un jour un journaliste local.

Mais Max n'avait que faire de ce genre de scribouillard: il achetait, vendait, réparait, et collectionnait les Citroën, et, dès la première année d'exercice, on dénombrait déjà 50 Citroën dans un rayon de 16 km autour de son garage. C'est à cette époque que pris corps la légende statistique comparant Manaia et Paris.

Sa réputation se développa, et bientôt, des gens vinrent de tout le pays pour acheter, vendre ou faire entretenir leur voiture. Si les gens venaient de loin, Max leur prêtait sa maison pendant qu'il travaillait d'arrache-pied jour et nuit jusqu'à finir la réparation.

Et quand des gens pressés se renseignaient sur un intinéraire, ou voulaient juste faire le plein, ils avaient droit à LA phrase de Max: "voudriez-vous voir quelque chose de réellement remarquable?". Plusieurs heures plus tard, autour de ses voitures, il leur parlait toujours Citroën.

 

La croisade

Max adorait prouver par l'exemple la fiabilité de ses voitures, et il n'hésitait pas à aller dans le fossé lors d'un essai avec un client potentiel, pour montrer la sécurité de la voiture.

Il était capable aussi de faire un essai de 300km avec un client, rentrant avec des heures de retard, pour montrer le confort dans la durée.

Ou de conduire une Light Fifteen sans toucher son volant: une personne assise à l'arrière changeait de côté dans les virages pour faire tourner.

Ou de retirer une roue arrière pour rouler dans la région sur trois roues, défiant les autres garagistes d'en faire autant.

Max était jusqu'au boutiste, et il était aussi capable de ne pas vendre une auto à quelqu'un s'il l'estimait indigne d'avoir une Citroën...

Bien entendu certaines de ses frasques lui causaient des ennuis avec la police, mais d'après l'ouvrage qui lui fut consacré, intitulé "plus de Citroën ici qu'à Paris", jamais il ne fut verbalisé, car quand le policier devenait trop critique, il entendait tout à coup "voudriez-vous voir quelque chose de réellement remarquable?".

Max croyait infiniment au service après-vente, et ses Citroën étaient garanties contre tout. A n'importe quelle heure, n'importe où, si on était en panne, il venait et réparait.

Un jour, il prêta même a voiture à des retraités, pour qu'ils puissent continuer leur voyage de vacances pendant qu'il réparait pour rien leur Citroën. Ils en furent tellement estomaqués qu'ils en parlèrent à tout le monde, et le Waymate Garage fur encore plus réputé. Le bouche à oreille avant internet, c'était ça.

la Citroën DS

En 1957 arriva la Citroēn DS. Max en était un peu inquiet car la marche était haute depuis la Traction qu'il maitrisait si bien. Mais il aima la nouvelle voiture, et alla en personne à Paris pour recevoir les nécessaires formations techniques.

Il revint de France avec une véritable expertise dans le domaine hydraulique, et la DS devient son modèle préféré.

 


Max l'homme

[ND DrD: je ne traduis pas in extenso cette partie sirupeuse du récit, qui rappelle en substance qu'on peut être généreux même si les affaires sont les affaires, et qui nous informe que Max pratiquait le rugby et aimait la clarinette]

 

Les bonnes années

Dans les années 60 et 70, le garage marchait bien, et Max avait 5 ouvriers qu'il avait formés lui même.


Dans les années 80, au moment de la retraite, Max fut très réticent: tous ses amis roulaient en Citroën, il ne voulait pas les laisser tomber.
Mais il dut quand même passer la main.

Hélas peu après, suite à des pépins de santé, la perte de la concession Citroën et la hantise grandissante d'être épinglé par le fisc, il se donna la mort, en 1983, dans un break Safari, une de ces voitures qu'il avait tant aimées.

Et sa légende veut qu'il ait laissé derrière lui un mot disant "je vous avais bien dit qu'ils finiraient par m'avoir"