<Tribune Libre>

Le cabriolet est-il une DS? , par Stéphane.

Inutile de se leurrer, pour beaucoup le cabriolet DS est la version la plus désirable de la gamme, sa rareté, sa cote élevée le prouvent autant que la prolifération de vraies fausses répliques en quête d'authenticité et de cartes grises.



Mais le cabriolet est-il encore une DS ? Il y a là matière à réfléchir, et à justifier pourquoi l'amateur érudit préfèrera toujours une berline ou un break, qui, nous allons le voir, est une DS au superlatif. J'ai dégagé au moins 3 points et j'attends les vôtres avec impatience.

La DS, c'est la matière : le plastique teinté dans la masse, le tissu rhovyline, l'hélanca, les similis, les caoutchoucs, toutes ces matières innovantes qui ont tant fait pour le renom de la DS et la rendent difficilement classable parmi les autres voitures de haut de gamme n'existent quasiment pas sur le cabriolet usine, et plus du tout sur les versions Chapron. En réutilisant les codes classiques du luxe, le cabriolet rentre misérablement dans le rang et ne peut en aucun cas prétendre à la personnalité d'une ID Luxe 1958 ou d'un break Commercial de 1971. A ce stade, il n'est déjà plus guère étonnant de voir autant d'accessoires d'un goût plus que douteux orner les versions décapotables, à l'opposé de l'artistique dépouillement des berlines ou des breaks.

La DS c'est la lumière : peu de voitures peuvent prétendre à une vision aussi périphérique vers l'extérieur, grâce à une surface vitrée importante et des montants très fins qui n'existent plus aujourd'hui. Le break est même remarquable à ce point de vue. Pour avoir roulé dans un cabriolet capoté, on a, à l'inverse, le sentiment que le ciel vous est tombé sur la tête, d'être avalé par la capote désespérément noire, et la visibilité vers l'arrière est très problématique. Ambiance et même sécurité n'y trouvent guère leur compte, en vérité.

La DS c'est l'espace, bien avant la Matra Renault du même nom, on pouvait s'y entasser à 6, voire davantage pour les breaks, il y a des centimètres en longueur, en largeur, en hauteur, on a une position assise tant devant que derrière, en bref la DS distille un confort fait de moelleux et d'espace. A cause de l'encombrante capote, seules les places avant du cabriolet sont dignes de la DS classique, tandis que l'ersatz de banquette arrière ne propose qu'un confort très limité, un espace en largeur et en longueur nettement réduit, sans même parler de l'opacité du lieu une fois capoté.

De ces 3 points caractéristiques, on voit bien que le cabriolet DS renie des fondamentaux, des jalons de la berline alors qu'à l'inverse le break les sublime : en celà, le break est une DS au superlatif et la meilleure des preuves est que Chapron s'est bien gardé d'y toucher.

Donc, plutôt que de risquer 150000€ dans une voiture aussi maquillée qu'une femme de petite vertu, une auto qui ne respecte pas les codes de la DS, une création dont les géniteurs ont systématiquement dégénéré l'ADN, les amateurs véritables, les historiens avertis et les investisseurs professionnels jetteront leur dévolu et une somme modérée sur un break à restaurer garanti authentique plutôt que sur un cabriolet sortant de chez XXX dont même la carte grise risque d'avoir été restaurée.

Stéphane