Colle numéro 3: la carte en plastique, par le Docteur Danche

Voici une nouvelle colle.

Ici une carte trouvée dans les papiers d'une DS23ie vendue neuve par la succursale de Lorient. J'ai déjà vu la même chose pour une DSuper5 vendue à la succursale de Lyon.

A quoi ces cartes, portant les numéros de série, la date de mise en circulation, l'immatriculation, le nom et l'adresse du propriétaire, pouvaient-elles bien servir?

Ca ne peut pas avoir été ultra-ambitieux, on n'était tout de même qu'à l'aube de l'informatique...

 

Les réponses proposées par les lecteurs

 

Franck, de Nantes

Je penche très sérieusement pour une carte servant à refaire un jeu de clé en cas de perte ou de vol par le propriétaire du véhicule.

 

Laurent, de Tours

Je crois pouvoir répondre à ta question sur la carte mystère. J'en ai moi-même une en possession venant d'une 2 CV 6 de 1973. A priori cette carte servait de "matrice" pour pré-établir les demandes de réparations et les factures. Il suffisait de placer la carte dans un cadre sous la feuille, un bidule pressait le papier qui "imprimait" les données de la voiture directement. Le même principe que les "fer à repasser" des Cartes Bleues des années 1980 en sorte ! 

 

Yves, d'Aulnay

Je vais essayer d'apporter ma contribution à votre schmilblic du mois d'Avril. J'ai ce genre de carte en tant qu'ancien collaborateur citroen. Ces cartes étaient dans la pochette avec le carnet d'entretien et la notice véhicule.

La première que j'ai eue en 1985 précise "service vente aux collaborateurs".

En 1989 cette inscription disparait. Avec l'évolution du logo les cartes deviennent rouge et blanche. Toutes mes cartes sont marquées "usine" pour les voitures livrées à la station service d'Aulnay qui dépendait de la succursale de Pantin. Pour une ZX qui m'a été livrée à Rennes (j'y étais en déplacement) la carte est marquée "Rennes la Janais". On voit qu'il y a le type véhicule, l'immatriculation et le N° de châssis.

Je n'ai jamais utilisé cette carte et ne connais pas son utilité. Ma dernière carte date de 1994. Si il y avait eu des cartes après cette date je les aurais gardées.

Damien

Bonjour Yves, il me semble que la carte que vous présentez est la carte de garantie qui remplace la carte papier dans les années 70, elle devait passer sous un sabot pour gagner du temps à la facturation des garanties... Dans les années 90, une carte magnétique prendra la relève chez PSA.

 

Georg (Hambourg)

J'ai longtemps travaillé chez Citroën à Hambourg, et je connais bien cette carte.

Il s’agit d’une ADREMA Karte (carte ADREMA: ADREsse, Maschine und Anschrift), c'est à dire "Adresse, Machine et Signature".

Les concessions principales (Cologne chez nous) avaient une machine pour créer ces cartes. Les autres garages envoyaient à la succursale les données des clients, et la succursale postait les cartes directement aux clients.

Ensuite, lors de ses visites au garage, le cient presentait sa carte ADREMA. Celle-ci était mise sur un sabot (comme les cartes de crédit de l'époque, Amex ou Diners), et les factures sortaient en trois exemplaires.

Une copie etait destinée au client, une autre au garage, et la troisieme aux archives.

 

Commentaire du Dr Danche

Je pense que le mystère est à peu près levé!

Reste à savoir si cette carte était généralisée dès 1973.

En tout cas ma 23ie d'Octobre 72 a tout son dossier de papiers, et pas de carte. Ceci dit, son format conduisait peut être à la ranger dans le portefeuille, et donc pas au même endroit que le reste des documents de la voiture.

Cette carte était en tout cas, je pense, un concept marketing assez révolutionnaire pour l'époque!

 

 

 

additif du Dr Estipallas (2018)

En Octobre 2018 j'ai reçu ceci dans une enveloppe bleue "par avion", avec un timbre en Francs de la poste aérienne.

Ca venait d'un coin paumé, j'ai reconnu tout de suite l'écriture d'Estipallas.

"Chère Confère, salut Toub',

Un peu de classement dans mes archives me permet d’apporter une réponse définitive à votre Schmilblick n°3, celui de la Carte Citroën en plastique.

5 Avril 1971. Automobiles Citroën adresse à son réseau la  note 16/Généralités Réseau relative aux Cartes « Service Client », Estampeuses et Imprimantes.

On y apprend que lesdits équipements sont en cours de déploiement dans le réseau pour utiliser les cartes « Service Client ». Il est souhaité que l’ensemble du réseau en soit pourvu.

On y lit ensuite que ces cartes, d’épaisseur 50/100, comportent au recto une impression bleue avec le panonceau Citroën, et au verso une bande bleue pour les concessionnaires témoins (comme la S.C.A.O. de votre illustration) et la raison sociale du concessionnaire vendeur.

Ces cartes sont destinées à être estampées à la livraison VN ou VO par le secrétariat livraison qui y fera figurer les coordonnées du client et du véhicule livré. Elles permettront alors de « simplifier les formalités administratives en la présentant, lors de l’entretien ou des réparations, dans tous les ateliers du Réseau CITROËN». Comment cela ? en transférant sur tout guide d’entretien, nouveau dossier de réparation, appel en garantie, les coordonnées du client, de son véhicule et du réparateur, le tout en un seul geste et cinq secondes contre plus de cinq minutes avec un stylo à bille.

On y retrouve enfin les fournisseurs et prix de ces matériels, parmi lesquels ADREMA PITNEY-BOWES dont un feuillet séparé détaille les caractéristiques et le mode d’emploi de l’imprimante T104 et des différentes versions d’estampeuses. En 1971, ce système était utilisé par 38 succursales et 23 concessionnaires. Le progrès était en marche, plus rien ne pourrait l’arrêter.

Et oui mon pote, la vérité est dans les archives.

Et la vérité, c’est que vos lecteurs sont formidables : ils avaient apporté la réponse à ce Schmilblick, que mon document range définitivement dans le classeur des énigmes résolues de la DS.

Avec les hommages du PALLAS CLUB DE FRANCE"

 

Et ci-dessous voici donc les documents d'époque exceptionnels envoyés par mon honorable confrère, qui résoud donc avec brio le sujet de ces cartes ADREMA qui avait été ouvert en 2015.

Il le résoud en 2018.

Donc avec trois ans de retard.

Si on ne peut nier une profondeur réellement bluffante dans les archives du fameux "grenier" d'Estip', il y a tout de même de quoi sérieusement s'interroger sur le système de classement mis en oeuvre par notre ami dans sa cambrousse.