les Citrodays, par le Dr Danche

En Août 2025 eurent lieu les Citrodays, au lac du Der, près de Saint-Dizier, entre la Marne et la Haute Marne.

Ce lac artificiel fut créé en 1974 pour réguler les crues de la Marne et de la Seine, et sa naissance eut pour conséquence l'engloutissement de trois villages.

L'église de l'un d'eux (Champaubert) fut démontée et reconstruite sur ses berges et est emblématique de l'endroit. On la voit d'ailleurs sur l'affiche des Citrodays.

 

 

 

Le Dr Danche ne pouvait bien sûr pas rater ça, un dernier lustrage de la PVFM par Madame (hélas retenue auprès de tata Lulu, presque centenaire), et en route vers le Grand Est!

Noter dans le break une étrange cargaison, j'y reviendrai.

 

 

Au total 1800 véhicules étaient inscrits aux Citrodays, dont 700 ou 800 DS, véritables reines de l'événement, venues fêter là les 70 ans du modèle.

J'ai été frappé du nombre très important de breaks DS présents sur le site, le break est clairement à la mode.

Mentionnons que c'était aussi en 2025 les 60 ans du Belphégor, mais seulement 3 de ceux-ci sont venus aux Citrodays. L'utilitaire ancien, oui, mais il y a des limites!

Par ailleurs, début Août 2025 avait déjà eu lieu le mondial 2 CV (en Slovénie), et cette collision de calendrier réduisit beaucoup le nombre de 2 CV présentes au lac du Der: seul des forcenés pouvaient enchaîner les deux événements.

 

 

l'organisation (1)

Il est bien sûr de coutume de rendre hommage aux bénévoles et à l'organisation (et j'ai des amis dans celle-ci), et je ne sous-estime pas la complexité de monter un tel événement. Mais si quelque chose ne va pas, il faut aussi savoir le dire, pour proposer des axes de progrès pour l'événement suivant.

Et voici donc quelques-uns de ces axes:

- trous dans le terrain, non signalés, avec de véritables ornières dans le camping. En fait le camping était situé sur un terrain théâtre habituel de compétitions de footgolf: du golf avec des ballons de foot. Mais on avait intégré au terrain de footgolf (a priori plat) des zones bosselées comme un véritable champ de mines.

- sur le terrain principal, côté boutiques et chapiteaux, en plus des trous, il y avait de très nombreuses souches de plantes, aussi vivaces que traitres, rendant la marche à pied dangereuse notamment pour les personnes en nu-pieds.

 

 

- Pour sortir du site il fallait traverser une partie de la zone bosselée qui vient d'être décrite, et ensuite être équipé P.O pour passer dans une longue zone poussiéreuse. Je n'ose imaginer les cabriolets décapotés passant sur ce chemin.

- Un problème supplémentaire, au vu de la météo caniculaire, était l'absence totale d'ombre sur l'ensemble du site. Je fus témoin de plusieurs malaises.

Et aussi:

- la sono du concours d'élégance, inaudible dans le public, entre autres du fait d'une répétition de concert concommittante.

- le musée, isolé du reste de la manifestation, situé à deux kilomètres à pied du site principal, et mal fléché.

- absence regrettable de cartels d'explication des modèles présentés, que ce soit au musée ou sur site. Au final chacun déambule dans le cagnard sans rien comprendre à ce qu'il voit.

- incohérences dans le planning des événements annoncés. J'y reviendrai.

 

l'organisation (2)

Mon ami Corsaire avait garé sa caravane sur un des seuls endroits du site ayant un peu d'ombre.

On lui fit comprendre après son installation (laborieuse, rappelons que le terrain n'était pas plat) que cet endroit, non balisé pourtant, était en principe réservé aux bénévoles.

Corsaire étant du genre à ne pas se laisser faire et à savoir faire sa tête de con si nécessaire, s'ensuivit une prise de bec avec l'organisation, puis une guerre de territoire picrocholine: installation de barrières par les bénévoles, sécurité du site intervenant avec des chiens en citant un arrêté préfectoral imaginaire délimitant cette zone, affichettes narquoises faites par Corsaire et scotchées sur les barrières: "interdiction de nourrir les bénévoles".

Au final la caravane fut bel et bien déplacée des 3 mètres exigés, les bénévoles avaient gagné la bataille pour cette bande de terre infestée de moustiques à partir du crépuscule.

Au petit matin du Samedi, il fut retrouvé les affichettes injurieuses de Corsaire, roulées en boules dans une trappe de la caravane (que l'on voit ici ouverte sur la photo) qui sert à évacuer la chaleur du frigo, et est donc à 60/70 degrés celsius.

Les papiers en furent sortis extrêmement chauds, c'est une chance que la caravane n'ait pas brûlé avec ses occupants.

Un bon axe d'amélioration pour (certains) des bénévoles du Der est donc de mieux baliser avant la manifestation, de savoir garder leur sang froid face aux fortes têtes, et d'éviter à l'avenir de perpétrer ce qu'un juge pourrait considérer comme une tentative de meurtre.

 

 

le public

Très inquiétant, il n'y avait pas ou très peu de jeunes sur place aux Citrodays.

Problème du choix de la date (au delà de la collision avec le mondial 2cv), les jeunes pères étant souvent autour du 15 Août en famille, à la mer ou en montagne?

ou bien problème plus structurel:

-difficulté d'accès des jeunes au budget nécessaire pour acheter, restaurer, faire rouler?

-image dégradée de Citroën aujourd'hui, ne donnant plus aux jeunes l'envie de s'approprier le mythe plus ancien?

-matraquage en cours pour aller vers l'électrique, rendant d'arrière-garde le sujet des véhicules de collection au pétrole?

Tout ça me ramène à une petite blague que je fais parfois, je demande ingénument : "d'après toi, quel est l'âge moyen au club de la Traction Universelle?".

Et après avoir écouté quelques propositions, je fournis la réponse, impitoyable dans sa statistique: "la bonne réponse c'est: la moyenne d'âge là-bas, c'est un an de plus chaque année!"

Et malheureusement ça semble désormais s'appliquer à la totalité du monde citroëniste. Je garde espoir que j'ai été témoin d'un biais statistique du fait de l'absence des deuchistes, qui sont plus jeunes. Mais ça reste inquiétant pour tout le reste.

 

L’élément positif majeur reste bien sûr la reprise d’une concentration Citroën après les confinements, un mélange d’ICCCR et d'EuroCitro au Mans, dont voici quelques moments clé.

Pour un aperçu du parking, je vous renvoie à cette video de 30mn faite par Citrothello.

 

le concours d'élégance

Le prix DS fut remporté haut la main par Emanuele et sa restauration incroyable d'une DS 1956 en vert printemps (présentée ici sur le site).

Le short tyrolien à bretelles était naturellement un plus, mais je gage que la voiture seule aurait gagné.

Le Dr Danche participait aussi à ce concours, avec son break Rossignol, que l'on avait déjà vu aux "skieurs dans l'âme".

 

Les Citrodays se tenaient sous une chaleur de plomb, et le jury tint sans doute compte de notre accoutrement de skieurs, avec gros pulls moniteur Vuarnet, sous-pulls blanc et bonnets: nous obtinmes un sympathique prix de consolation.

 

La conférence du Dr Danche

Mes amis de l'organisation et de l'Amicale Citroën m'avaient demandé de donner une conférence, thème au choix, et j'avais relevé le défi. Nous étions tombés d'accord que ce serait le Samedi matin.

 

Mais le dépliant papier distribué sur place indiquait la date de Dimanche. Le programme sur internet était pourtant juste, mais il était faux dans l'Est Républicain. Un vrai mic-mac, avec démentis en cascade à l'entrée du chapiteau, qui par ailleurs n'était pas fléché ou identifié.

Au final quand je suis arrivé le Samedi là où se tenait ma conférence, beaucoup des présents ne savaient pas trop à quoi ils allaient assister.

Peu importe, ils ne furent pas déçus.

 

 

 

Sur scène prirent place le Dr Danche himself et Georges (grand manitou de www.citrowagon.fr), que j'avais convié à la fête.

S'en suivit alors une conférence improbable et mémorable, que nous avions mise au point au camping.

Dans la première partie, nous sommes venus sur l'histoire du lancement des deux sites, sur la source de leur motivation, sur leur esprit d'une collecte d'informations vérifiées et non instantanées (à l'inverse de Facebook par exemple), avec l'ambition d'aller dans le détail.

Nous avons rendu hommage au réseau de correspondants derrière nos deux sites pour arriver à ce résultat qui s'affine à mesure, en perpétuelle mutation, et au final plus fiable qu'un livre non évolutif.

 

Dans la seconde partie, nous sommes revenus chacun sur nos 5 plus grandes fiertés, les rencontres et les anecdotes derrière celles ci.

Par exemple Georges a parlé de la construction des breaks DS en 1975, et j'ai raconté comment s'était passée la découverte des presque homonymes Grasset et Graciet du premier client de la DS, ou celle du fonds "Paris 1970" à la bibliothèque historique de la ville de Paris.

 

La troisième partie était un échange libre.

Les absents ayant toujours tort, je ne peux bien sûr pas vous restituer intégralement le contenu de cette intervention, mais voici le meilleur moment.

C'était au milieu de la première partie de la conférence, j'expliquais que je citais peu les contributeurs du site, car il n'était pas question de gloriole personnelle, mais de la construction d'un ensemble où chacun, presque anonymement, et moi y compris, posait sa pierre.

J'ai cité Barthes, en l'adaptant, pour exprimer que je voyais le site nuancierds.fr comme l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d’époque, conçue passionnément par des artistes anonymes, et consommée par un peuple entier de citroënistes.

 

Sur ce, une journaliste en retraite a pris la parole pour me dire quelque chose que je restituerais comme "je ne connais pas du tout ce que vous faites sur ce site, mais c'est pas bien, ce que vous nous dites là: car en journalisme il faut toujours citer ses sources".

L'intervention, qui aurait pu être constructive si elle avait été formulée sur un mode interrogatif ("je suis surprise, car en journalisme en général etc etc") était malheureusement dans une tonalité de donnage de leçon sur ce qui est bien/ce qui n'est pas bien, ânonnée dans un long monologue creux mettant sur le même plan journalisme alimentaire et recherches approfondies d'historien scrupuleux.

Une bronca épouvantable suivit alors parmi les Dancho-addicts, avec des prises de paroles successives dans la salle visant à exprimer un profond désaccord avec notre nouvelle amie journaliste en retraite, qui sortit donc du chapiteau à califourchon sur un rail de chemin de fer, avec goudron et plumes.

 

 

Une fois l'importune renvoyée au terminus des prétentieuses, il y eut ensuite des questions variées et pertinentes, par exemple sur les plate-formes des cabriolets, l'histoire des nuanciers automobiles, l'érotisme sur nuancierds, ou la lecture de l'avenir de la voiture ancienne dans une sphère de cristal ou du marc de cafetière.

 

La conférence se termina par une dernière question: que vous reste-t-il encore à découvrir?

Et la réponse que Georges et moi avons apportée a été: il nous reste à examiner les mains courantes, avec notre passion du détail et de la vérité. Et pour cela il faudrait que le conservatoire nous en donne l'autorisation. Nous avons alors fini par un appel au public, si quelqu'un dans la salle pouvait appuyer cette demande.

Georges et moi avons ensuite quitté la scène sous les ovations, conscients et fiers d'avoir contribué à un moment clé des Citrodays.

Sélection des véhicules qui m'ont intéressé.

J'ai eu peu de temps disponible sur place, du fait de la conférence et du concours d'élégance. De plus, avec le temps et l'exhaustivité grandissante de nuancierds, on retrouve sur place beaucoup de vieilles connaissances.

Mais il y a eu quelques belles découvertes.

J'ai par exemple été très heureux au musée de voir ce camion évoquant la présentation sur le site du garage de Norbert Privé, ex garage Lhenry.

Toujours dans le musée, j'ai trouvé intéressantes les productions du Citroën Century Club, avec notamment cette statistique sur les couleurs des C6.

Le poster du Citroën Century Club (qui célébrait aux Citrodays les 20 ans de la C6) continuait avec des statistiques tout aussi intéressantes sur les intérieurs et les options, et proposait un QR code menant à ce site de recensement des C6:

Cercle privé C6 | Accueil

 

NB: il y avait sur le site deux C6 en Blanc Banquise et franchement c'est une réussite, dommage qu'il n'y en ait pas eu plus.

 

Sur place il y avait deux des 6 coupés Grand Palais produits à ce jour sur la conception de Gerard Godfroy, un vert en deuxième nez, et un autre dans un genre de marron glacé, en premier nez.

C'est ce dernier qui est le plus intéressant. Avec une carte grise de DS21 carbu 1970 et des évolutions techniques majeures (électricité, climatisation, etc), il évoque tout de même une DS 1961 modernisée: ailes cendrier, tableau de bord des premières DS sont préservés.

Le propriétaire m'a fait les honneurs des différentes innovations (lève-vitres à l'ancienne qui lancent des vitres électriques, batterie dans le coffre, etc). J'y reviendrai sans doute pour ma rubrique tuning too much.

 

Sur le parking j'ai enfin pu voir une DSuper 1970 avec séparation chauffeur, dont j'avais beaucoup entendu parler.

Le propriétaire actuel a même un carnet où le chauffeur inscrivait ses courses. A cette page, il s'étonne d'une consommation, en ville, de 20 litres aux 100.

La séparation chauffeur a été faite sur mesure par un artisan pour une ID19 des années 60, puis elle a été remontée dans cette DSuper quand elle a été achetée neuve.

Ce n'est donc pas une finition spéciale Citroën, mais c'est une vraie curiosité. J'espère y revenir et la présenter plus en détail, car j'ai désormais les coordonnées du propriétaire.

 

 

Pour terminer, j'ai apprécié cette DSpécial de 400 000 km, blanc meije et targa noir, achetée en première main par l'oncle de l'homme qui n'a pas internet et qui l'avait amenée aux Citrodays.

Sans montre, avec ses tapis en plastique, une authentique DSpécial toute simple.

 

 

De plus elle avait son écusson "banville", très effacé.

 

 

..et le propriétaire m'a montré son carnet d'entretien.

Une passerelle parfaite donc pour vous présenter le garage "banville".