<Tribune Libre>

Les Hollandais ont-ils volé le patrimoine automobile Français?, par Geert

Je vous dis: non! Ils l'ont sauvé! Les Néerlandais à la fin des années 70 ont pris en charge les DS/ID de France, quand elles étaient dans leur propre pays mises au rebut et déclarées reliques du passé automobile. Quand elles étaient à la mode chez les loubards qui la violaient avec des kits carrosserie en polyester, des pneus larges et des systèmes de musique assourdissante.

Qu'est ce que la DS avait donc fait de mal, pour être ainsi refusée par le même peuple qui en Octobre 1955 avait tellement été impressionné par son apparence? Elle avait pourtant servi fidèlement pendant 20 ans et était même la voiture officielle de l'Etat, sauveuse du Général.

Dans les années 70, le Hollandais a pris la DS/ID avec amour dans ses bras et lui a offert une nouvelle maison aux Pays-Bas. Ce fut aussi plus tard le Hollandais qui la sauva du ministre Balladur. Combien de vendeurs privés et de propriétaires de casse Français n'ont pas ri sous cape quand ces imbéciles venus de l'étranger offraient autant d'argent pour leurs DS/ID d'occasion? Personne ne voulait plus conduire une Citroën DS en France, c'était dépassé. "Vous voulez acheter cette DS23 i.e. Pallas monsieur? C'est bien monsieur, mais j'ai aussi cette DS19 de 1956 invendable. Seulement 1000 francs, monsieur. Oui monsieur, avec carte grise.  La DS19 ne vaut rien. Huile LHS monsieur, vous savez ? Fichu foutu, veux plus ".

Pourquoi les Hollandais sont ils venus si tôt en France pour acheter une DS? La raison est simple. Sous le climat hollandais, la DS/ID rouille extrêmement, les années modèle après 1972 sont les pires. Parfois, les voitures étaient pourries après seulement trois ans. Donc après 1975 les Hollandais ont rapidement rejoint la France ensoleillée pour un achat de remplacement.

L'amour infini du Hollandais pour la Citroën (DS en particulier) s'explique aisément: André Citroën était un Hollandais! Au moins jusqu'au 30 avril 1896 quand à l'âge de 18 ans il est devenu un ressortissant français, après avoir ajouté un tréma sur le e dans son nom, en Octobre 1885 avec son admission au Lycée Condorcet. Son père, Lévi Citroen (sans encore de tréma), descendant d'une famille des diamantaires bien connus d'Amsterdam, était venu en 1870 à Paris avec sa femme Masza pour chercher fortune.

Aussi le lien fort entre les Automobiles Citroën et les Pays-Bas a été rapidement établi. Dès Mars 1919 il y avait une agence aux Pays-Bas:  S.A. John Moos à Haarlem, près d’Amsterdam.

Pourtant, une DS qui se déplace aux Pays-Bas continue d’être bien Française! Le Néerlandais le veut ainsi, il ne veut pas que sa voiture bien-aimée se retrouve plongée dans une crise d'identité. Il parle français avec elle et il la traite avec Françoise Hardy, Charles Aznavour ou Johnny Halliday à l’autoradio. Il achète son shampooing voiture chez Leclerc. Il pend un Arbre Magique lavande, comme un vrai français... Et le Hollandais donne souvent un surnom français à sa Titine. Il y des exemples comme Romy, le Cigarillo, Eva, Mlle Charisse, Barbara, Ma Biche, Babette, Crème Brulée, Mon rêve, Yvette, Nathalie, etc.

Ainsi, même les français les plus nationalistes doivent bien admettre que leur patrimoine automobile est préservé chez nous, et même se réjouir de ce rayonnement de la France!

 Geert Jonker, Hollande, 1962 ID19 Confort , ex-Creuse (“Pantoufle”).

 

Complément du Dr Danche: en illustration de ce petit aticle, voici quelques photos de la vie d'une ID 1959.

Famille Jault, France, 1959-1980, Indre (noter le helanca mordoré)

2 Septembre 1980, Indre, vente à un hollandais

1998 (Hollande)

Jubilé de la DS à St Quentin, Octobre 2005

Rallye en Hollande, 2011 (je vous rassure, les décorations sont amovibles)