<Tribune Libre>

Souvenirs en DS, par Jean-Louis

Le vent d'autan souffle doucement sur le Gers, le soleil brille, l'eau est à 28° ...
Quoi de mieux que de prendre la plume (c'est une image bien sûr) et de vous envoyer ce petit mot en Tribune Libre, qui m'est suggéré par la section "les dynasties DS".

Tout d'abord, je me re-présente: je suis le propriétaire de la DS21 IE Pallas qui possède ce fameux "anti-phare" anti-éblouissement présenté dans lae rubrique "Tuning bien pensant" ..

Donc, dynastie DS ... Mon père en a eu trois (enfin, une ID et deux DS). Auparavant, il (nous) roulions en traction 11 normale 1953, noire bien sûr, 1249 CE 75. Avant ça - j'ai honte, enfin presque - en 4 CV décapotable 180 C 32 (eh oui, le Gers). Mais bon, jetons un voile pudique sur cette mignonne 4 CV dont je ne me souviens pas, sauf que j'ai une photo de moi à son volant à l'âge de 2 ans.

Mémoires de traction: pas beaucoup car mon père l'a gardée de 1953 à 1958, j'avais alors entre 2 et 7 ans: je me souviens que j'avais un volant avec une ventouse qui se collait sur la porte de la boîte à gants: je pouvais déjà conduire ! Autre souvenir, mon petit frère, né en 1956, dormant dans un hamac suspendu entre les deux portières arrière ... Dernier souvenir de cette traction: la fin ... Un dimanche matin, mon grand-père assis sur le siège passager; mon père parti faire un truc dans une clinique (il était médecin) .. Et moi (pas tout à fait 7 ans), je me suis mis au volant et je me suis amusé à passer les vitesses ... Comme chacun sait, il y a un verrou sur l'embrayage des traction qui fait qu'on ne peut pas passer les vitesses sauf si la pédale d'embrayage est poussée à fond, sauf que là, les vitesses passaient bien ... Mon père revient, et démarre; mais voilà que cette satanée traction ne voulait que partir en marche arrière ... Dépanneuse, énervement de mon père pour qui les voitures n'étaient qu'un objet utilitaire. Fin de la traction ... Avènement de l'ère DS (1958-1967).

La première, une ID donc (2351 HN 75), de 1958, noire, toit brut (beige), intérieur, je ne me souviens plus. Quelques souvenirs: la carrosserie cabossée très rapidement de tous côtés, les pare-chocs alu eux aussi mal en point; entretien des 40000km durant les grandes vacances au garage Lay à L'Isle-Jourdain (32): un autre conducteur s'approche, admiratif (à mon père): "elle a déjà fait le tour du compteur ?" Euh, non ... "Ah bon, vu l'état de la carrosserie, je pensais qu'elle avait 140000 km !" La honte, quoi ... (ça m'a permis de faire mes premières armes de carrossier pour décabosser les portières: déclipsage des garnitures de portières, coup de marteau sur la portière, reclipsage de la garniture, un coup de peinture noire en bombe - sans laver la carrosserie ... du coup, devant le résultat, j'ai vu que je n'avais pas trop d'avenir dans le métier, je suis devenu chirurgien ...). Une autre fois, toujours dans le Gers: on doit changer le pot d'échappement (transversal sous le moteur si je me souviens bien); ah oui, il a duré 24 heures ! le lendemain, il était ouvert en deux et la voiture faisait un bruit d'enfer ... Retour chez Lay à L'Isle-Jourdain et re-changement du pot.

Autres souvenirs: promenade dans les Pyrénées dans ces années-là (58 à 62): pare-brise cassé - fréquent à cette époque. Crevaison: inauguration du cric ... Et comment on l'enlève ? Parce que la voiture, je ne sais pourquoi, ne voulait plus se remettre complètement en position haute pour enlever le triangle. Ben, on démarre quand même et la voiture retombe sur ses roues; on récupère le cric. Autre souvenir, toujours dans les Pyrénées, descente d'une petite route sinueuse à bonne allure. Klaxon impérieux derrière ... Au bout d'un moment, mon père se range un peu sur la droite et on est passés à fond de balle par une 15, royale, qui disparaît en un instant au loin (voilà peut-être pourquoi je roule depuis maintenant 45 ans en 15H).

Toujours en promenade, mais je ne me souviens plus si c'était dans les Pyrénées; on ne devait avoir l'ID que depuis peu de temps. Mon père: "Ah, on va voir comment elle prend le tournant en 4ème (une nouveauté, la 4ème, après la traction à 3 vitesses) ... Oui, sauf que le tournant était à 90° vers la gauche: c'est passé, mais vous imaginez bien le crissement des pneus, la voiture qui penchait à mort vers la droite ... L'ID passe ... Mon père, vert, ne dit pas un mot, ma mère à mon côté (bien sûr nous étions trois à l'avant) propose à mon père de prendre le volant. Sachant que ma mère avait son permis mais n'avait jamais conduit, la réponse a été négative !

Dernier souvenir de l'ID: retour de WE un dimanche soir, arrivée porte d'Auteuil; mon père dit: c'est bizarre, ça sent un peu le brûlé ... On s'arrête, on descend: depuis au moins 30 km, on roulait à plat à l'avant gauche, le pneu était totalement fondu ... Le pivot dans l'axe avait fait que la voiture continuait imperturbablement sa trajectoire, mon père n'avait pas senti que ça tirait à gauche (ou alors il était distrait !).

Première DS: 1963, 5104 MX 75, gris foncé, intérieur gris éléphant (si je me souviens bien). Je me souviens quand mon père est allé la chercher, j'étais avec lui (chez Luchard je crois). Là, c'était pour lui l'inauguration de la boîte hydraulique. On fait un tour avec le vendeur qui lui montre comment faire, et qui lui redresse la position de conduite, il ne faut pas conduire le dos voûté; la première ne sert qu'à décoller la voiture, il faut passer tout de suite la seconde. Pas trop de souvenir marquant avec cette DS, sauf que sa vitesse de croisière sur l'autoroute était de 140, contre 120 avec l'ID. Là aussi, séances de carrosserie, peinture; et même re-peinture de la plaque d'immatriculation avant, que j'avais décabossée: ça n'a pas traîné: deux jours après, mon père se fait arrêter pour défaut de lisibilité de ladite plaque ! La peinture avait bien coulé et il était devenu impossible de lire le numéro! On m'a gentiment prié de m'abstenir à l'avenir de repeindre les plaques d'immatriculation ! Je me souviens aussi des retours de week end (nous avions une maison de campagne à 50 km à l'ouest de Paris): à 7 parfois dans la voiture (Papa, Maman, mon frère et moi, la marraine et les deux grands-parents), plus les énormes bouquets de fleurs du jardin plus les cageots de fruits, légumes, pommes de terre, valises ... Après avoir chargé tout ça à la campagne, il fallait redescendre le tout une fois arrivés à Paris ...

Deuxième DS: 1966, une Pallas gris Palladium, 5448 SF 75: elle n'a pas duré longtemps, mais c'est sur elle que j'ai fait mes premières armes sur DS (j'avais au mieux 16 ans). Elle a duré un an. Mon père ne s'en est jamais vanté, mais il semblerait bien, d'après certains membres de la famille, que 5448 SF 75 ait fini son existence lors d'un accident près du Trocadéro.

.. Mais bref, fin des Citroën (hélas !). Remplacée par une Ford Mustang 1967 beige (1968 UG 75) qui m'a aussi laissé beaucoup de souvenirs (et des trouilles aussi sur route mouillée ou sur coup de frein brutal, mais c'est une autre histoire). Après (même un moteur Ford a besoin d'huile pour fonctionner), ça a été la déchéance: Volvo 142 ... Un veau, sans direction assistée, boîte auto, essieu arrière rigide, couleur orange, une pure horreur ... J'ai quand même descendu avec elle de Paris dans le Gers une C6G 1932 "à restaurer", sur plateau. Deux jours de galère ! Mais c'est encore une autre histoire !

Il y a hélas très peu voire pas du tout de photos de ces voitures, ni mon père ni ma mère n'étant fanatiques des autos, ils ne les photographiaient pas...