Un mois, un garage, par le CESCQUAL

Les garages Citroën de la famille Larroque à Montauban

Les Larroque ont été pendant une très longue période des ambassadeurs de premier ordre du double chevron dans le Sud Ouest. Attention! Ne vous perdez pas dans les prénoms!

 

Il y a d'une part les Larroque sur Figeac (Lot, 46): Jean-Gabriel Larroque, qui fonde le garage que j'ai déjà présenté ici, affaire devenue Larroque et fils, transmise ensuite à son fils Marcel qui le transmettra à son fils Bernard.

Et il y a d'autre part les Larroque côté Montauban (Tarn et Garonne, 82).

Car le même Jean-Gabriel Larroque (de Figeac, donc) et son frère Louis Larroque fondent ensemble un garage à Montauban : les Ets Larroque frères. Louis Larroque rachètera les parts de son frère quelques années plus tard pour devenir seul maitre à bord, sans changer l'intitulé "Larroque frères".

 

C'est cette branche de Montauban que nous allons approfondir sur cette page.


Le premier garage de Montauban était situé 115 Faubourg Lacapelle
(c'est actuellement une agence immobilière, et on ne reconnait rien).

Notez sur la photo les miniatures sur le sol: peu d'espace mais déjà de la créativité.

Louis Larroque a deux fils jumeaux qui naissent en 1929 au-dessus de ce garage: Jean-Marie Larroque (qui succèdera à son père) et Georges Marie Larroque.

Dans les années 30, un second garage Larroque frères vient remplacer le premier et il est, de très loin, plus ambitieux et imposant. Il est situé 76 avenue Gambetta.

Le bâtiment est plus tard devenu, après des adaptations sévères, un showroom de cuisines Anconetti.

Mais on reconnaissait encore bien, au premier plan, le pavillon et même le début de la séparation.

Ce bâtiment est aujourd'hui rasé.

Enfin sur la fin des années 60, nouvel agrandissement, nouveau déménagement du garage Larroque: le troisième garage sera construit avenue de Paris (RN20).

la S.N. Ets Larroque le vendra ensuite dans les années 80, puis vers 2014, Citroën laissera le site à Lidl.

 

Après ce premier tour d'horizon sur cette saga, voici maintenant quelques compléments issus de l'album de famille des Larroque de Montauban.

 

 

Le garage de l'avenue Gambetta.

Gambettta/ vues des années 30

Une première photo lors de l'inauguration (on n'en connait pas la date, mais c'est manifestement avant 1934 et la sortie de la Traction!)

Toujours le jour de l'inauguration, on reconnait:

- André Citroën
- Louis Larroque, le maitre des lieux, très digne, et sa femme Juliette, resplendissante, qui a sorti le grand jeu au niveau toilette.


Sur la photo suivante on distingue mieux:

- Jean-Gabriel Larroque (de Figeac), frère de Louis: avec un chapeau clair et un air mystérieux, limite conspirateur, qui tranche presque comiquement avec le sourire béat de Citroën qui cherche l'oeil du photographe.

- les deux bambins, les fils jumeaux de Louis et Juliette, Jean-Marie et Georges-Marie Larroque.

La voiture (électrique) leur avait été offerte pour l'occasion. On en a perdu la trace chez les Larroque quand la génération d'après a joué avec.

Et enfin, la dernière photo souvenir, un chouia mise en scène, est absolument grandiose.

Au fond, une idole païenne, presque Egyptienne, le cygne Citroën, symbole du moteur flottant.

Au premier plan, son grand prêtre, André Citroën, toujours souriant, généreux, paternel, triomphant.

Et dans le bolide, la génération suivante, l'avenir, la dynastie.

Et enfin de part et d'autres, les légions, la haie des Rosalie, respectueuses, soumises, désirables et demain, à vendre aux montalbanais!

Magnifique!!

 

Gambetta/vues des années 50/60

Incroyable: à l'époque des premières DS, donc dans les années 50, les très conservateurs Larroque ont encore l'enseigne du cygne "moteur flottant" des années 20, ainsi que le grand panneau pendu aux verrières annonçant le "service Citroën" !

Le passage aux photos couleurs aura enfin raison du cygne et du grand panneau.

On notera la fourgonnete 2cv de service.

Et je vous mets en prime, avec les compliments du Dr Estipallas, ce petit objet publicitaire de cette même époque.

 

 

Compléments divers des archives Larroque.

 

Le sprinter

Voici une photo touchante de grâce.

Quel est le modèle? Une Rosalie? Mes lecteurs me le diront sans doute.
En tout cas à vélo c'est bien Jean-Marie Larroque, fournissant l'effort sans que pourtant la côte semble bien raide.

 

La star du banquet des agents Citroën

Dans les salons du Palais d'Orsay, Louis Larroque, au premier plan, tourne la tête, éclipse les autres agents, et le photographe fait carrément la mise au point sur lui!

 

Pendant ce temps, la petite famille Larroque

Elégance extrême et Traction 7 immaculée. On ne devrait jamais quitter Montauban.

 

La créativité de Mme Larroque

Madame Larroque aura les honneurs du bulletin Citroën de Janvier/Fevrier 1930 pour cette création destinée au magasin d'exposition de l'avenue Gambetta:

Sur cette photo que nous avons déjà vue, on voit d'alleurs ces guéridons in situ, dans la partie droite.

Et le plus extraordinaire c'est que ces objets ont survécu jusqu'à nous, avec quelques autres vestiges: poignées de portes de garage au double chevron, bulletins Citroën reliés marqués sur leur couverture au nom de Larroque, ...

 

Les expos en Centre ville du garage Larroque

Exposition de voitures Place Prax Paris, à Montauban, dans les années 30.

 

La cavalcade

Avant-guerre, la tradition des "corsos" ou "cavalcades" était encore bien vivante. Il s'agissait de défilés de carnaval au Printemps, avec des chars souvent fleuris.

Et regardez donc celui des Larroque ("garage Larroque" est marqué sur la roue hypnotique de la C6).

C'est, ni plus ni moins, un arc de triomphe, coiffé d'un double chevron, avec une devise "gloire à l'automobile française", et des jouets Citroën en masse qui forment un embouteillage sur l'avenue des Champs Elysées!!!

Incroyable!!

 

Le tacot

Et on termine cette série de photos par le summum, avec ce petit gag du garage Larroque, mettant en scène des figurants inconnus, à une année inconnue (peut-être 1934, à la sortie de la Traction?).

Première étape: ils poussent un tacot de 1898.

Les plus attentifs d'entre vous auront déjà reconnu l'engin: regardez bien, il figure déjà sur la photo du garage de l'avenue Gambetta, utilisé en support d'un panonceau "15 Citroën". Sans doute était-ce la mascotte locale.

Et voici le résultat final! Quel gag! Quelle mise en scène extraordinaire! Quand je pense que cette photo finira recopiée sans contexte sur les réseaux sociaux, et que des gens croiront que cette guimbarde antédiluvienne (1898) est vraiment ce qu'en dit le cartel, à avoir une ultra moderne Traction avant 7 Citroën 1934 proposée à 17700F !

Un immense merci à Sophie Larroque, fille de Jean-Marie (qui succéda à son père Louis à la tête du garage), de m'avoir ainsi ouvert son album de famille pour permettre le partage de cette page!

 

J'ajoute, en mot de la fin que le formidable magazine CitroExpert a lui aussi abordé l'histoire Citroëniste de Montauban. C'est en hollandais, mais ça devrait vous plaire. Voici le lien.